Qu’il soit individuel ou collectif, le mal-être se traduit par un état qualifié de façon récurrente d’état de crise !
On entend ainsi régulièrement que « le monde est en crise » sur tous les plans : économique, politique et sociétal, et nous dépensons beaucoup d’énergie à étudier les phénomènes « responsables de la crise ». Les arguments ne manquant pas, nous accusons tour à tour les lobbies des assurances, les laboratoires pharmaceutiques, les banques, etc. En bref, tout ce que nous trouvons en décalage avec nos « valeurs ».
Et indéniablement, en termes de causalité, c’est une réalité.
Mais, pour moi, il est tout aussi indéniable que c’est notre identification au pouvoir qui est à l’origine de ces « crises ».
En effet, il y a « crise » parce que, par survie, nous tenons à garder nos « valeurs-ciments » telles que la famille, l’éducation, la démocratie ou encore la patrie.
Nous nous accrochons à ces valeurs profondément bousculées par l’évolution de nos sociétés, et nous luttons pour les conserver parce que ce sont elles qui donnent à chacun de nous une place, un statut, un rôle à travers lesquels nous nous identifions. En bref, ces valeurs sont garantes de notre survie.
Avec la Bioanalogie, nous savons que la survie se relie à trois paramètres – le territoire, l’alimentation et la descendance – qui sont des identifications au temps, à l’espace et à la forme.
On peut donc dire que ce n’est pas la vie, mais la survie qui est en crise !
Revenons sur le mot « crise » employé si souvent.
Etymologiquement, il vient du grec « Κρίσις », repris par le latin « crisis » et peut avoir deux sens. En effet, à l’origine, il s’agit un terme médical s’appliquant à un changement observé dans le cours d’une maladie sous formes de phénomènes particuliers. Peu à peu, il a recouvert un sens figuré utilisé pour tout moment de déséquilibre pouvant aller jusqu’au chaos, et donc nécessitant une prise de décision importante.
Quelle est dans le chaos que nous redoutons actuellement, la décision que nous avons à prendre ?
Pour la Bioanalogie, toute manifestation, tout évènement, est l’expression d’une créativité non exprimée. Autrement dit, tout ce qui s’exprime « en biologie1 » est une invitation à vivre cette créativité en conscience.
Au fil de l’évolution de nos sociétés qui peut être regardée comme
« un chaos » en ce qu’elle vient bousculer tous nos repères, nous constatons l’émergence de plus en plus prégnante d’un certain nombre de personnes qui n’acceptent plus de se « fondre dans la masse ». Elles revendiquent un droit à la différenciation, une existence « hors du groupe ». En bref, on assiste depuis quelques décennies à un véritable éveil des individualités.
Et en lecture de Principe, cette individualisation traduit une invitation à vivre l’Etre unique, original et singulier que nous sommes, c’est-à-dire sans référence, sans comparaison et non reproductible.
En d’autres termes, c’est la forme matérielle – l’incarnation – de la Conscience qui Est !
Observons maintenant deux exemples de la crise environnementale globale pour voir en quoi ils traduisent une créativité non révélée au niveau de l’humanité.
- Dans un article sur la logique du profit2 , j’ai écrit que le fait qu’environ 80 % des richesses dans le monde appartiennent à 10 % de la population était une invitation à reconnaître que tout ce qui nous touche est le révélateur de notre richesse intérieure et est au service de notre évolution afin de nous permettre de vivre pleinement l’Etre unique que nous sommes : tout est à notre profit !
- En séminaire, nous évoquons régulièrement le thème du réchauffement planétaire qui entraine une dégradation de l’eau océanique, une hausse du niveau des mers et des changements climatiques. En termes de Principe, c’est une invitation à vivre intensément un accueil sans réserve de soi-même en tant qu’univers unique, en sortant de toute identification extérieure.
Ainsi ce que nous considérons comme du « chaos » est l’expression au niveau de l’inconscient universel de ce que nous ne savons pas vivre en conscience.
En affirmant qu’il y a « une crise » et que celle-ci a une origine extérieure, nous restons dans notre mécanisme habituel de fonctionnement causal et duel, donc nous restons dans la survie. En effet, c’est une façon de ne pas prendre la responsabilité de notre vie en mettant la cause de notre souffrance à l’extérieur et en nous séparant ainsi du monde extérieur, nous cessons de vivre Notre univers comme unique.
Il nous faut également sortir de l’idée que nous sommes dans une « période de transition » car cela entretient les notions de causalité et de chronologie – les paramètres de « l’ancien monde » –, la pensée que les choses dépendent de notre pouvoir personnel et que nous avons une action à faire.
Il n’y a pas d’action à faire puisque ce « nouveau monde » est de toujours. Pas plus qu’il n’y a de « solution à la crise » parce qu’il n’y a rien à résoudre, pas d’équilibre antérieur à retrouver, rien à réparer.
L’idée-même d’un « Chemin vers la Conscience » est causale et chronologique !
Nous ne pouvons pas accéder à cette compréhension par le mental mais nous pouvons l’intégrer par une ouverture de conscience à ce nouveau paradigme.
En résumé, penser qu’il nous faut passer du chaos à la cohérence est se tromper de « cible » : ce chaos est en fait d’une absolue cohérence.
Vivre, c’est expérimenter « notre » univers unique qui, par définition, est sans aucun repère. La non expérimentation de « notre » univers est survie et entretient « l’ego », seul gardien de celle-ci.
Pour conclure, la conscience est expérimentation et le chaos est cohérence !
1Pour rappel, lorsque je parle de biologie, c’est au sens premier de « science de la vie ». Un évènement qui nous touche, entraine automatiquement une tension dans notre corps.
2N°14 de la revue NEOSANTE en Juillet-Août 2012
La chronique de la Loi du Principe
L’art de lire les signes de la vie par Jean-Philippe Brébion
Paru dans Néosanté, septembre 2017, numéro 70
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