Le temps … de notre créativité
Deuxième partie (2/2)
« Avec le temps… Avec le temps, va, tout s’en va… » chante Léo Ferré.
Nous avons déjà abordé le thème du temps selon la Loi du Principe et vu en quoi il est d’abord lié à nos repères et à l’extérieur.
Mais nous pouvons aussi développer le thème du temps à partir de certains événements ou attitudes.
Par exemple, voyons ce que peuvent vouloir dire des événements comme oublier les dates importantes, ne jamais savoir quel jour on est, perdre régulièrement son agenda, etc. Tous les « micro-événements » de ce type n’en sont pas moins porteurs de sens, d’autant plus lorsqu’ils sont récurrents.
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Oublier les dates importantes, les rendez-vous fixés
Une date est un repère dans le temps, c’est un « rendez-vous » faisant référence à quelque chose qui a été fixé dans le passé, qui est attendu ou qui est commémoré.
Et, analogiquement, oublier, c’est laisser dans le passé, cesser de faire vivre dans le présent, c’est-à-dire faire le deuil des événements.
- Christian, qui est ce qu’on appelle un « vieux garçon », est un habitué des rendez-vous oubliés et pourtant il ne souffre pas de troubles de la mémoire. Il se rappelle même parfaitement des détails de tous les événements du passé lorsqu’il vivait avec ses parents.
Mais il souffre de leur disparition et reste ancré dans la nostalgie permanente de ce temps, ce qui l’empêche de vivre la vie présente.
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Ne jamais savoir quel jour on est
La date du jour fait habituellement référence au calendrier grégorien, mais cette date n’est pas la même pour le calendrier hébraïque, chinois, musulman, persan ou indien.
Il s’agit donc d’une convention propre à une culture ou une civilisation.
Ainsi, selon la Loi du Principe, on pourrait dire que ne pas savoir la date du jour, revient à ne pas entrer dans une convention ou une norme. C’est donc une invitation à prendre le risque d’être dans son temps à soi, hors de toute référence.
- Lise semble toujours un peu perdue et doit faire de gros efforts de réflexion pour trouver la date du jour. C’est une femme très effacée, très serviable et qui manifestement n’ose pas être ce qu’elle est. Et pourtant, elle a une culture littéraire exceptionnelle, elle écrit régulièrement des articles dans un hebdomadaire culturel, très connu, mais…. personne ne le sait !
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Perdre régulièrement son agenda
L’agenda nous permet de noter les actions à faire. (Son étymologie vient de agerer , action, agir.)
Le fait de perdre son agenda empêche donc, d’une part d’inscrire des actions futures et d’autre part, de se rappeler les actions prévues.
On pourrait donc dire analogiquement qu’il s’agit de cesser de programmer une action. En d’autres termes, c’est une invitation à ne rien prévoir et à vivre l’instant présent sans chercher une action précise, sans vouloir un résultat particulier.
- En six mois, Laurent a perdu deux fois son agenda. La première fois, il l’a laissé sur le toit de sa voiture ; la deuxième fois, il l’a oublié dans un taxi.
Laurent est un homme ployant sous une multitude d’obligations -surtout familiales- depuis qu’il vit avec une nouvelle compagne, après son divorce.
La révélation du sens de cet événement lui a permis de comprendre qu’il s’obligeait à en « faisait tant », par culpabilité vis-à-vis de ses enfants et de son ex-femme comme si cela pouvait compenser son absence.
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Des délais administratifs ou des démarches du quotidien toujours plus longues que la norme
Nous pouvons avoir l’impression que les démarches administratives pour certains dossiers sont interminables. Et bien sûr, nous nous en donnons à cœur joie pour critiquer la lenteur de la bureaucratie…
Mais plutôt que de rester dans ce mode de raisonnement – qui ne peut aboutir puisqu’il reste causal – , si nous nous posions la question du sens ?
Selon la Loi du Principe, ces longues démarches administratives se traduisent par une invitation à laisser du temps au temps, sans vouloir de résultat rapide. (Un peu comme pour l’éducation d’un enfant : la première chose est de ne pas attendre des résultats immédiats !)
Donc, là aussi, il s’agit de vivre l’instant présent, sans attendre un résultat précis car nous ne pouvons attendre que ce que nous connaissons… et ce que nous connaissons, c’est le passé !
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Un temps de cicatrisation plus long -ou plus court- que la moyenne
La cicatrisation est un temps de réparation et de régénération des tissus à la suite d’une plaie, qu’elle soit accidentelle ou chirurgicale. C’est donc la restauration d’un état antérieur, ainsi que sa reconstruction.
Il s’agit ici de revenir sur le passé pour construire une nouvelle forme, une nouvelle structure, afin de vivre le présent sans subir le passé.
Nous comprendrons que si ce temps est plus long ou plus court que le temps habituel, notre biologie nous invite à reconsidérer notre façon de fonctionner par rapport au passé.
Avec un temps de cicatrisation plus long : il s’agit de « donner du temps au temps », en laissant la vie œuvrer sans réagir par rapport au passé.
Avec un temps plus court : il s’agit d’une invitation à choisir de vivre immédiatement le présent, dans notre créativité, donc de cesser de porter le passé en s’en considérant comme victime.
Notons que, comme à chaque fois que les signes ou les manifestations sont opposés, on trouve le même Principe. Ainsi, ici dans les deux cas il s’agit d’une invitation à un changement dans sa façon de vivre le présent par rapport au passé ou au futur.
- En 1936, Lecomte du Noüy, un biologiste étudiant les lois de la cicatrisation, a mis en évidence qu’un enfant de 10 ans cicatrisait cinq fois plus vite qu’un homme de 60 ans. Ainsi pour ce dernier, le temps passe cinq fois plus vite que pour l’enfant de 10 ans !
En résumé, toutes nos problématiques liées au temps sont une invitation à nous réaliser, dans notre créativité, en vivant l’instant présent.
Ce qui m’incite à conclure avec Ronsard : « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain ; Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
La chronique de la Loi du Principe
L’art de lire les signes de la vie par Jean-Philippe Brébion
Paru dans Néosanté, Janvier 2014, numéro 30
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