1ère Partie
Depuis la nuit des temps, l’homme s’interroge sur son origine, sa place dans l’univers et le sens de sa vie. Il regarde le ciel et le questionne en quête de réponses, tantôt l’implorant, tantôt lui rendant grâces et parfois même en l’invectivant ! Il cherche un signe, un guide, un maître qui « saurait » pour lui, qui le reconnaîtrait, le conduirait vers la vérité, la lumière, et répondrait à toutes ses questions.
À moins d’un acte de foi, aucune réponse n’est pleinement satisfaisante. Alors chacun y va de son interprétation, de sa conception du monde, suivant sa propre lecture, son opinion ou sa culture.
En ce qui me concerne, je fais partie de ceux qui ont eu un parcours scolaire des plus chaotiques. Enfant, puis étudiant, je mâchonnais l’ennui pendant les cours, incohérents à mon sens, de doctes professeurs qui, de leur côté, signalaient régulièrement à mes parents un « manque de motivation » regrettable.
En soi, cela peut sembler assez anodin, mais j’appartenais à une famille dont la priorité était précisément la réussite scolaire, menant à de brillants diplômes puis à une « carrière » digne de ce nom, médicale, juridique ou universitaire, qu’importe, mais parmi les meilleurs.
J’ai donc passé la première partie de mon existence à me sentir indigne d’une telle attente car, tout naturellement, pour être inclus dans ce milieu familial – pour lequel j’étais, avant tout, « un gentil garçon » –, j’ai longtemps tenté l’impossible pour prouver que je pouvais faire aussi bien que tel ou tel cousin. En vain. Ce qui a longtemps inscrit en moi une sensation de dévalorisation récurrente.
J’ai finalement décidé de suivre ma propre voie en fonction de ce qui m’animait, c’est-à-dire tout ce qui concerne l’homme et son évolution, en tant qu’être incarné sur cette terre. En cheminant ainsi vers moi-même, j’ai peu à peu compris que chacun de nous est unique, donc incomparable, et que quelle que soit la place que l’on occupe, il n’y en a pas de meilleure pour devenir ce que l’on est, dans son authenticité et son originalité propre ; en d’autres termes, j’ai acquis la conviction profonde que dans notre vie, tout, absolument tout ce qui nous arrive est au service de notre évolution personnelle et qu’il suffit de changer notre regard pour en prendre conscience.
Une petite anecdote pour illustrer ces propos. Toute simple en apparence, elle n’en a pas été moins déterminante pour moi dans la suite de mon parcours.
Dans les années 1980, un ami, professeur de yoga, m’a proposé de co-animer un séminaire avec lui. Se basant sur mes multiples recherches dans le domaine du développement spirituel ou psychologique et de la compréhension de la maladie, il pensait que nous pourrions proposer quelque chose d’intéressant à des personnes en recherche d’évolution personnelle.
Nous organisons donc un séminaire commun pour une quinzaine de personnes.
Le premier jour, fort de tous mes « savoirs », j’arrive lesté de deux sacs pleins à craquer de tous mes livres de référence concernant la spiritualité, la psychologie, la biologie, etc.
Malheureusement pour moi – ou heureusement ?! – il y avait, parmi les participants à ce séminaire, une jeune universitaire spécialisée en spiritualité orientale qui connaissait parfaitement tous les sujets que je me proposais d’aborder, ce qui fait qu’elle m’a repris systématiquement sur chaque mot, chaque phrase que je prononçais, pour me demander de préciser ou compléter ce que j’affirmais, quand elle ne me contredisait pas ! Il m’aurait fallu justifier chacune de mes paroles. Je savais que j’aurais pu le faire en produisant mes sources, puisées dans tel ou tel livre, mais je n’avais bien sûr pas le temps de fouiller dans mes sacs. Un véritable cauchemar !
Mais cette – douloureuse – expérience m’a permis de prendre une décision qui a complètement changé ma vie : je me suis juré de ne plus jamais animer un séminaire avec le support d’un papier, d’un livre, ou de toute autre documentation.
En effet, si je n’étais pas capable de soutenir mon propos sans aide extérieure, il valait mieux que je me taise. La seule chose que j’apporterais désormais serait le résultat de mes observations et de ma pratique ; en un mot, mon expérience personnelle, mon intuition et ma vérité. Mon seul point d’appui dans ma vie serait dorénavant mon expérimentation.