Vérité et troubles psychiques

Vérité et troubles psychiques

Dans ses dernières semaines de vie, je suis allé à Québec rendre visite à Juliette, ma belle-mère hospitalisée. Son traitement médical assez lourd avait quelque peu perturbé son esprit. Ainsi, toujours à son souci de bien m’accueillir, elle m’a dit à mon arrivée d’aller chercher quelque chose à manger dans le réfrigérateur de la cuisine. Je lui ai gentiment expliqué que nous n’étions pas à la maison mais à l’hôpital.

Dans les instants qui ont suivi, elle m’a répété par deux fois sa proposition et je lui ai donné la même réponse. Mais la dernière fois, elle a eu une réaction tout à fait inattendue. En effet, elle m’a rétorqué : « Tu es peut être à l’hôpital, mais moi, je suis à la maison. »

Cette réponse a été pour moi comme un électrochoc qui m’a amené à me questionner sur le regard que j’avais sur ce que l’on nomme « les troubles psychiques ».

Ce fut pour moi un véritable enseignement que je souhaite vous faire partager.

Habituellement, on considère les troubles psychiques comme un ensemble de perturbations du comportement, entrainant chez un individu la perte de la capacité à interpréter et à réagir de façon appropriée aux événements qui le concernent. Ces difficultés à s’adapter entrainant des souffrances à tous les niveaux.

On peut donc dire que la santé mentale est une aptitude à s’adapter en répondant de façon appropriée aux sollicitations de l’environnement.

En bref, la santé mentale ou la maladie mentale sont définies en fonction d’une capacité d’adaptation plus ou moins grande.

Qu’est-ce que l’adaptation ?

D’après Wikipédia l’adaptation est « le processus de modification (… ), de façon à rester fonctionnel dans de nouvelles conditions… ».

Quant au Larousse, il la définit sur le plan biologique comme étant un « changement survenu chez un individu animal ou végétal (…) qui augmente leurs chances de survie et de reproduction dans le milieu où ils vivent. »


Ainsi, l’adaptation est une capacité à se rendre apte à survivre dans un nouveau milieu de vie. Et survivre implique de modifier son comportement en fonction d’un élément extérieur.

Par exemple, pour entretenir un territoire, une alimentation et/ou une descendance – les trois paramètres de la survie – on cherche une reconnaissance extérieure (descendance), on joue un personnage (alimentation) pour garder une place dans la société (territoire), etc.

Cette adaptation est donc une identification à une vérité extérieure que nous considérons comme prioritaire sur notre vérité unique profonde.

Survivre n’est pas vivre

En Bioanalogie, nous savons que toute maladie est l’expression d’une créativité unique qui n’est pas révélée en conscience.

Ce que l’on entend par créativité unique est la capacité à faire vivre pleinement l’être unique que nous sommes, sans être accroché à une attente, dans une action sans aucune obligation de résultat, et sans aucune intention de modifier le monde extérieur.

Selon la loi du Principe, nous pouvons avoir accès à une autre compréhension des maladies mentales.

En effet, chaque symptôme a un Principe neutre qui révèle la vérité unique – non exprimée – de notre créativité.

Prenons le cas de la schizophrénie. Le patient souffrant de cette pathologie a des réactions qui nous semblent incohérentes, et de fait, il vit dans une réalité qui n’est pas la même que la nôtre.


Mais avec la loi du Principe, on peut dire, par exemple, que s’il entend une voix qui lui dit d’aller tuer son père1 , il s’agit d’une invitation à cesser de chercher une validation ou une identification à l’extérieur en intégrant que ce qui le touche est lui-même.

Pour une un personne présentant des symptômes paranoïaques – qui croit par exemple que tout le monde l’épie – on trouvera le même Principe que l’on peut traduire ici comme une invitation à se donner la priorité en ayant comme seule référence le respect et la reconnaissance soi.

En fait, ces deux exemples expriment un Principe universel2: Il n’y a rien d’autre que « nous-mêmes3  », chacun de nous est un Univers unique et avec notre disparition, cet Univers Unique disparaît.

Et les maladies psychiques témoignent de notre incapacité à vivre notre vérité, sans référence puisqu’ elle est unique.

Dans la Tradition chrétienne, on trouve cette phrase de Jésus-Christ : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

Ce précepte a été le plus souvent interprété comme une invitation à suivre un modèle, une référence, une voie tracée, etc. Ce qui signifie survivre, et ce pour pouvoir « accéder au Paradis, là où est la vraie Vie ».

Il peut être intéressant de l’entendre d’une autre façon.

En effet, ne serait-ce pas à chacun de nous de s’approprier cette phrase en comprenant – et en intégrant en conscience – qu’il n’y a pas de chemin à suivre, qu’il n’est que nous-mêmes et il nous appartient de faire vivre intensément l’univers unique que nous sommes ?

Alors, oui, les maladies psychiques se relient à l’adaptation mais les symptômes exprimés révèlent un Principe, porteur de la vérité unique de chacun, non encore révélée, que nous nous devons de respecter, dans la mesure où cette vérité ne cherche pas à modifier l’extérieur.

Ce qui permet alors de reconnaître chacun dans sa propre vérité.

Ainsi, lorsque Juliette m’invite à aller me nourrir dans son réfrigérateur, selon la loi du Principe, cela exprime pour elle une invitation à reconnaître qu’elle ne peut être en paix qu’en s’accueillant telle qu’elle est, et en se nourrissant de la vie qui circule en elle.

En résumé, l’adaptation est survie et ne permet pas la révélation de la créativité.

Or, seule l’expérimentation de l’être unique que nous sommes est créativité, est Vie et est la seule et unique vérité à respecter. Elle ne s’argumente pas.

En effet, la vérité n’est pas extérieure, elle est expérimentation de l’inscription spatio-temporelle de notre conception.

Elle ne se justifie pas.
Elle ne s’argumente pas.
Elle est la paix intérieure.

1Cf N° 69 Néosanté Œdipe présidentiel.
2Cf  N°44 Néosanté Inconscient Universel
3Est écrit au pluriel, voir article précèdent N°71 Néosanté

La chronique de la Loi du Principe

L’art de lire les signes de la vie par Jean-Philippe Brébion

Paru dans Néosanté, novembre 2017, numéro 72

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