Ce qui ne veut pas guérir

Lors de nos entretiens, mon ami Jean-Yves Bilien et moi nous sommes souvent interrogés au sujet des personnes qui semblent s’enfermer dans leur maladie en entretenant des fonctionnements récurrents, contraires à ce qui pourrait les laisser en paix. Cette attitude ne paraît pas cohérente avec l’enjeu vital qui apparaît avec les symptômes physiques.


Ainsi, à la suite de nos échanges, Jean-Yves m’a proposé de développer un essai de réponse avec l’approche de la Bioanalogie dans un film intitulé : « Ceux qui ne veulent pas guérir »1.


Ce titre, un peu provocateur, semble soutenir l’idée que certaines personnes ne veulent vraiment pas que leur maladie cesse. Ce n’est bien sûr pas foncièrement exact. Cependant, il contient une part de vérité que je souhaite développer avec vous dans ce nouvel article dont le titre n’est pas tout à fait le même que celui du film en question.


Tout d’abord, resituons la place de l’Homme en nous appuyant sur ces paroles de Teilhard de Chardin :

« Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. »

Chacun de nous est, en effet, un être humain, biologique, et un être  spirituel  en une seule et même personne.

 


Qu’est-ce que l’homme biologique ?

 


Il s’agit de la partie inconsciente – donc biologique – de l’homme qui veut assurer la survie de l’espèce. Pour cela, elle interprète les évènements extérieurs en positif ou négatif en rapport avec cette notion de survie.


Pour lui, « la vie, c’est l’espèce ».


Il met ainsi la vie en dehors de lui puisque celle-ci doit se perpétuer dans le temps, au delà de sa propre présence, c’est-à-dire de son propre espace corporel.


Nous réparons l’histoire de nos parents


Dans mon livre « l’Empreinte de naissance2 », j’ai exposé le fait que l’embryon enregistre le vécu émotionnel de ses parents dans une période de 27 mois autour de la naissance.


En effet, du point de vue animal, les évènements sont vécus de façon émotionnelle et ce vécu émotionnel des parents, forgé par les évènements rencontrés dans cette période, fonde les paramètres qui constituent les conditions de l’existence de l’enfant  : ce sont des programmes existentiels uniques, originaux et singuliers.


Or, toute émotion signifie obligatoirement que l’on veut une autre réalité que celle qui est.


Et à travers cette imprégnation de son Empreinte de naissance, l’homme biologique inconscient cherche à « réparer » l’émotionnel de ses parents en vivant une réalité qui n’est pas celle de son existence.


Par exemple, un enfant dont les parents nourrissaient la peur qu’il naisse « anormal », aura par cette imprégnation la volonté d’être très conventionnel afin de ne pas se différencier : de ne pas sortir de la norme. C’est ce que je nomme une « réparation de survie ». Autre exemple : un enfant qui n’était pas « attendu » pourrait trouver comme solution de survie de chercher à toujours correspondre à ce qu’il croit que l’on attend de lui.


Nous n’avons fait aucune erreur


Du point de vue de la survie, pour chacun de nous, ce fonctionnement est tout à fait justifié dans la mesure où nous sommes vivants. Et nous n’avons aucune certitude que nous le serions si nous avions fonctionné différemment. Ainsi à chaque instant de notre vie nous faisons au mieux ce que nous savons faire, avec la conscience que nous avons à cet instant précis.


En effet, nul ne cherche à faire «  au plus mal » ! (même si cela peut être jugé différemment de l’extérieur.)


C’est pourquoi, nous pouvons nous défaire de tout sentiment de culpabilité : il ne fait qu’entretenir la survie en nous puisqu’il entretient l’idée que si nous avions fonctionné différemment nous serions mieux aujourd’hui. Ou encore celle qu’il nous manque aujourd’hui quelque chose que nous n’avons pas fait ou pas vécu.


Nous nous installons ainsi dans la conviction que c’est grâce à eux que nous sommes vivants, or nous ne faisons survivre.


Et tant que nous sommes dans la survie, à travers ces fonctionnement de la « bête » que nous appelons plus volontiers le mental ou l’ego, nous restons attachés au personnage auquel nous sommes identifié.


Nous n’avons fait aucune erreur !


Mais tant que nous donnons la priorité à l’homme biologique, nous entretenons ces processus de survie et ces fonctionnements de réparation.


En résumé, nous avons avant tout à nous accueillir dans nos mécanismes de survie et même à nous féliciter d’avoir trouvé autant de stratégies pour survivre !
(BRAVO,  elles ont étés efficaces !)


Car, c’est en nous accueillant dans notre histoire que nous commençons à vivre. En effet, à ce moment précis, nous sortons de toute comparaison et de toute référence.


L’Homme spirituel peut alors « émerger ».

 


Qui est « l’Homme spirituel » ?

 


Il n’a d’existence que dans l’expérimentation de l’instant présent
On pourrait aussi bien l’appeler l’Etre, la Conscience ou encore la Présence.


Le jour où nous vivons pleinement cette expérimentation, le mental/l’ego disparaît car l’Homme spirituel est Vie.


Chacun de nous est un univers unique original et singulier qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais dans le même temps le même lieu et avec les mêmes paramètres. Ainsi, nous sommes seuls à prendre la responsabilité de notre univers, nous sommes seuls à avoir autorité sur notre existence.


La vie n’est pas en dehors de nous, elle œuvre à travers nous et nous invite à nous laisser conduire par cet élan qui nous traverse, sans référence ni validation, sans vouloir une autre existence que la nôtre.


Tout le reste n’est que réparation.


Nous avons à choisir de Vivre : Vivre est la véritable nature de notre Être.


C’est cela la guérison.


Pour conclure, un proverbe chinois qui résume les propos de cet article :
« Si tu veux être heureux, sois le ! »

 

 

1« Ceux qui ne veulent pas guérir » Un film de Jean-Yves Bilien www.jeanyvesbilien.com
2« L’Empreinte de naissance – 27 mois pour une vie – 2004 Ed. Quintessence (France) et 2018 Ed. Ariane (Québec)