De la frustration à l’autonomie

La réalisation de soi !


Pour le psychologue A. Maslow, dans la pyramide des besoins de l’homme, le plus élevé est l’accomplissement de soi.


Et force est de constater que, pour la plupart, les maux ou les sentiments de mal-être semblent avoir pour point commun un sentiment de non accomplissement.


Bien que cette notion soit un peu abstraite nous pouvons percevoir ce sentiment très concrètement au fond de nous.

 


Etymologiquement, le mot accomplissement est issu du verbe latin complēre / remplir.


Ce sentiment de « non-accomplissement » – et d’insatisfaction – serait donc issu de la sensation de ne pas être « rempli », comme si nous étions une « contenant » qui ne serait pas utilisé dans toute sa capacité parce que tous les espaces ne seraient pas « pleins ».


L’insatisfaction se traduit alors par un sentiment de manque et nous mettons toute notre énergie à vouloir modifier ce constat en luttant contre l’extérieur.

 


Or, ce « vide fonctionnel » nous fait ressentir que ce que nous vivons ne réalise pas notre véritable nature. Car, en faisant cela, nous ne vivons pas, nous survivons !


En effet, ce fonctionnement est le propre de l’animal qui lutte pour conserver l’espèce – qui n’est pas lui, donc extérieur – et qu’il considère être la vie.


Ainsi, par cette attitude, à l’image de l’animal, nous mettons la vie elle-même à l’extérieur de nous. En considérant que la cause de notre bonheur est en dehors de nous, nous entretenons ce processus de survie qui nous fait vivre dans la dualité, issue de l’illusion d’une séparation entre soi et un monde extérieur.


Tout ceci crée en nous la nécessité d’aller chercher dans ce qui est apparent – extérieur – quelque chose qui viendrait combler l’insatisfaction et la frustration de ne pas être « rempli ».

 


Or, cette attitude nous installe dans une vie de dépendance, donc une perte d’autonomie, non sur le plan physique mais sur le plan spirituel.


C’est en mettant une solution à l’extérieur de nous-même que nous nous installons dans une dépendance et que nous nous privons de notre propre accomplissement. C’est le constat de notre frustration qui témoigne d’un non-accomplissement de soi.


Autonomie vient du grec αὐτονομία /autonomia : qui donne autos (soi-même) /nomos (règle). Il s’agit donc de la faculté de vivre et de se gouverner soi-même selon sa propre loi. Et l’antonyme de l’autonomie est l’hétéronomie, qui se traduit par obéir à des lois extérieures


L’autonomie est donc un fonctionnement qui ne laisse pas de place à une autre autorité que la sienne propre. Il ne s’agit pas non plus de se donner une loi qui serait extérieure à soi comme le préconise Emanuel Kant1 dans sa philosophie morale.


Il s’agit de l’autonomie d’une personne ayant la capacité de se choisir hors de toute dépendance en ne se soumettant à aucune influence ni convention sociale – pas plus qu’à une loyauté familiale. Libre de toute croyance et de toute morale, elle n’a ni rites, ni rituel.

 


Sa seule éthique est le respect d’elle- même : c’est la seule loi à laquelle elle « se soumet ».

 


En d’autres termes, l’autonomie dont nous parlons ici est l’attitude qui consiste à se choisir en se reconnaissant tel que l’on est sans en rejeter quoi que ce soit – sans vouloir être autrement que ce que l’on est – et sans chercher un « complément » à ce que l’on est.

 


Accomplissement et réalisation de soi.


On confond souvent accomplissement et réalisation de soi.


Pour l’heure, je souhaite inviter les personnes qui ressentent un sentiment de frustration – de non-accomplissement – à prendre leur autonomie.


Ce qui signifie, cesser de vouloir réparer quoi que ce soit et sortir de l’idée d’être victime d’une cause extérieure. Ce qui implique également de cesser de chercher des « solutions » et de se poser des « questions » en attente d’une « réponse ».

 


Tout simplement parce qu’il n’y a pas de problème !

 


Il ne peut y avoir de problème que dans une vision non autonome et duelle, dépendant d’un monde extérieur. C’est l’animal en nous – notre biologie – qui veut survivre et que nous entretenons en ne prenant pas la responsabilité de notre autonomie.


Pour la Bioanalogie, « Nous sommes notre univers », il est unique, il n’a ni cause ni effet, il n’est qu’une expérimentation.


Dans la culture judéo chrétienne, on prête ces dernières paroles à Jésus, juste avant de rendre son dernier souffle, sur la croix : « Tout est accompli ».

 


Ce qui veut dire : « Tout est accompli, Ici et maintenant ».

 


Il n’y a plus à espérer quoi que ce soit : espérer, c’est ne pas vivre, puisque c’est attendre quelque chose qui n’est pas là.


Il s’agit uniquement de vivre l’être unique que nous sommes, car c’est le plein constat de ce que nous sommes qui est notre paix et notre réalisation.


Tout est à vivre dans la totalité de ce que nous sommes : il n’y a rien à enlever ni à ajouter à ce que nous sommes.


Cessons de nous questionner en attendant que l’autre change et qu’il agisse pour nous.


Notre véritable transformation est de passer du sommeil de la survie à la Vie.


Passer de l’attente à la réalisation de soi, c’est s’installer dans notre véritable dimension qui est l’autonomie, c’est à dire la verticalité.


Cette dimension ne fait référence à aucune autre loi que celle de prendre l’entière responsabilité de notre existence.


L’autonomie est l’action de se choisir à chaque instant, en décidant de se respecter.

 


L’accomplissement de soi est le fait de réaliser à chaque instant toute l’intensité et la puissance de l’expérimentation de soi.

 

 

1 C’est seulement lorsque l’individu s’impose à lui-même une loi qu’il agit moralement. En outre, il réalise ainsi sa liberté, qui ne peut se réaliser dans le vide, mais seulement par “l’intermédiaire de la loi”. ( La critique de la raison pure. )

 

La chronique de la Loi du Principe

L’art de lire les signes de la vie par Jean-Philippe Brébion

Paru dans Néosanté, septembre 2018, numéro 81

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5 réflexions sur “De la frustration à l’autonomie

  1. Le mot attente comme dualité m’interroge beaucoup.
    Une amie m’avait proposé de partager un spectacle de jazz à une date précise. Je m’étais réjouie et j’attendais ce jour avec impatience. La veille, mon amie m’informe qu’elle a trouvé mieux et qu’elle préfère aller avec des amis à une autre manifestation loin d’ici. J’étais déçue. J’ai décidé de ne pas aller seule à cette soirée jazz.
    Vivre cette attente c’est donc ne pas être autonome????

    • En effet, quand nous sommes dans l’attente, nous mettons notre bonheur ou notre malheur à l’extérieur. Donc si je suis heureuse ou malheureuse, ca dépend de l’extérieur. Ensuite, on doit choisir. Quand vous avez choisit de ne pas y aller seule, c’était un choix ou c’était de subir ? Notre meilleur guide, est d’écouter si on est en paix ou pas. Car vous aviez le choix d’y aller seule ou pas ou d’inviter une autre personne. C’est aussi ca choisir. Et si on choisit la dualité, en le faisant en conscience : ok, je subis de ne pas y aller… d’en prendre conscience, enlève déjà un poids.

  2. Bonjour,
    C’est difficile de ne pas être dépendant sur le plan affectif : on aime alors on veut ´concilier’, faire les choses au mieux : pour soi mais aussi pour nos enfants et petits-enfants …
    Evelyne

    • Comme on dit souvent en séminaire : « C’est simple, mais c’est pas facile ». Ensuite, le choix nous appartient. On le fait pour concilier (par survie) ou on le fait « pour »soi (dans la vie) ? Et même si on choisit de le faire par survie, si on le choisit, alors on est en paix et c’est ok. Alors cela n’est pas un poids. Mais sommes nous vraiment en paix ? C’est pas toujours évident d’identifier si je suis en paix ou pas. Nous sommes super pour nous mentir parfois. Mais ne nous jugeons pas. Juste de constater notre survie est un super pas géant.

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